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Feminist Dialogues: politiques publiques et l’action collective au Quebec et Ontario

Editorial

Feminists have never had an easy relationship with state policy. Linguistic barriers complicate sharing our learning across contexts. But in the spring of 2010, a number of feminist researchers, graduate students, and activists from Quebec and Ontario came together for a two-day bilingual conference at Glendon College (York University) to share our different approaches to feminist research on policy and activism. Our presentations and discussions were coloured by our context, in which neoliberal economics, neoconservative perspectives, and the economic crisis were pushing equity issues off policy tables. Talking across languages, academic disciplines and culture, we found common ground and divergences in our research approaches, our commitments and our view of the way forward for feminist action. We also found energy and stimulation from this dialogue. In this special issue, we hope to stimulate wider participation in these conversations, in order to think through the challenges before feminism(s).

In preparing this collection, the editors asked our contributors to take into account the discussions and debates that surfaced during this conference, and to address how their own analyses could bridge our two themes: research on policy and research on collective action. The majority of contributors point out that feminist researchers and activists must recognize and resist the insidious slip of neoliberal and neoconservative politics into feminism(s), undermining the movement’s broad equity goals. They also reflect on ways forward. Researchers and activists can embrace the positions of those left out or rejected by the assumptions of these politics—single mothers, racialized minorities, and recent immigrants. We can consider questions of the family, gender, communities, bodies, sexual practices, and patriarchy in relation to these politics. And we can examine who benefits, as well as who pays from policy decisions, in order to support the development of coalitions and alliances in common struggles.

We have structured this special issue in three sections. The first section introduces our questions with articles that reflect on the changing relationship between feminism and states. Theoretically well-developed, these articles from established feminist scholars unsettle those who are complacent about the gains women have made. These reflections receive validation and challenge from the contributors in the second section, who use empirical research to present feminist perspectives on three social policy areas: long term residential care, health care and home care. Each of these pieces reflects on the gendered aspects of policy developments and related equity struggles, showing how practices, lives and institutions are affected. Differences and similarities between the Ontario and Quebec contexts reinforce the benefits of learning what is happening on either side of this border.

The final section takes up the role of political activism within women’s movements, and the synergies – sometimes tensions—with other political movements. Contributors to this section highlight the changing face of feminist politics within Quebec and Ontario. Some explore women’s movements more concerned by public policies while others present the face of feminism and its links with other political actors. Others revisit the contemporary history of feminism to shed light on shifts from the preservation of alliances with the political left to more engagement with state institutions.

This special issue concludes with a special contribution from one of Canada’s best known feminists and academic researchers on women’s rights and labour law, Lucie Lamarche. During the conference, Professor Lamarche had the difficult, but challenging responsibility to draw together the many contributions’ disparate threads. Here, she undertakes a critical analytical review of the articles to provide elements to bridge our differences. If at first glance feminist research in Quebec and in Ontario seems to take separate, sometimes disconnected paths, there is solid ground and many reasons to pursue our efforts towards better feminist futures in this country.

As usual, this project has relied on the invaluable support of many helpers. We, the editors of this special issue and organizers of the conference that stimulated it, wish to thank Le Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes, Gouvernement du Québec (saic), the cihr/chsrf Chair in Health Services Research (York University), the Center for Feminist Research/Centre pour la recherche féministe à York, l’École d’études des femmes (programme de Glendon)/School of Women’s Studies (Glendon Programme), L’École des affaires publiques et internationales/School of Public and International Affairs, the York Ad Hoc Research Funds, and the late John Dignard at Glendon and his team for technological support and services. Finally, we thank Karoline Jablonska for her help in organizing the conference and Sanjukta Banerjee for her assistance with translation.

Éditorial

Les féministes n’ont jamais eu le contact facile avec les politiques étatiques. Les barrières linguistiques ont compliqué les échanges de nos connaissances selon les contextes. Mais au printemps 2010, des chercheures féministes, des doctorantes, des militantes du Québec et de l’Ontario se sont rencontrées au Collège Glendon de l’Université York lors d’une conférence bilingue de deux jours afin de partager les différentes approches de la recherche féministe sur les politiques et sur le militantisme.

Les présentations et les discussions reproduites ici portent la marque des économies néolibérales, des perspectives néoconservatrices et de la crise économique ce qui a relégué les problèmes d’équité au second plan. Le passage d’une langue à l’autre, d’une culture à une autre, le fait d’échanger entre disciplines, nous a permis de voir nos terrains d’entente et de divergences dans nos approches à la recherche, dans nos engagements et dans notre vision d’aller de l’avant avec l’action féministe. Nous avons aussi trouvé l’énergie et les stimuli dans ces échanges. Avec ce numéro spécial des Cahiers de la femme nous comptons stimuler une plus large participation aux dialogues et aux défis qui engagent tous les féminismes.

En colligeant ces articles, les éditrices ont demandé à nos collaboratrices de considérer les discussions et les débats qui ont émergé durant cette conférence afin que leurs propres analyses jettent un pont entre deux thèmes: la recherche sur les politiques publiques et les recherches sur l’action collective. La majorité des collaboratrices ont demandé aux chercheures féministes et aux militantes de reconnaître et de résister au dérapage insidieux des politiques néolibérales et néoconservatrices à l’intérieur des féminismes, dérapage qui sape les grands projets du mouvement vers l’équité. Elles ont aussi réfléchi sur les perspectives d’avenir et ce faisant, elles ont adopté les positions de celles qui sont rejetées par ces politiques : les mères célibataires, les minorités racialisées et les nouvelles arrivantes. Nous nous avons analysé les questions autour de la famille, des communautés, du genre, du corps, des pratiques sexuelles, du patriarcat et ce toujours en relations à ces politiques, tout comme nous avons examiné la question de ceux qui profitent et ceux qui paient suite à aux décisions afin de favoriser la formation de coalitions et d’alliances dans les luttes communes.

Nous avons structuré ce numéro spécial en trois sections: la première section présente des articles comportant une analyse critique de la relation changeante entre le féminisme et l’État. Ces articles , issus de chercheures chevronnées et théoriquement bien développés, dérangent ceux qui montrent de la complaisance face aux gains acquis par les femmes. Ces réflexions sont validées et mises en discussion par les articles de la deuxième section lesquels utilisent une approche empirique pour présenter les perspectives féministes à l’endroit de trois politiques sociales: la résidence à long terme, les soins de santé et les services à domicile. Chacun de ces textes abordent les aspects genrés lors du développement des politiques ainsi que les luttes d’équité touchant les pratiques, les conditions de vie et les institutions. Les différences et les similarités des contextes québécois et ontariens nous ont permis de voir l’importance de mieux partager ce qui se passe de chaque côté de la frontière.

La dernière section rend compte du rôle du militantisme politique à l’intérieur des mouvements des femmes de même que les synergies-quelques fois les tensions- avec d’autres mouvements politiques. Les collaboratrices de cette section mettent l’accent sur la face changeante du féminisme au Québec et en Ontario. Certaines explorent les mouvements de femmes et leurs engagements vers de meilleures politiques publiques alors que d’autres analysent les diverses parties du mouvement féministe qui sont en lien avec d’autres acteurs politiques. D’autres encore revoient l’histoire contemporaine du féminisme afin de mieux comprendre le passage de son alliance avec la gauche politique , vers un engagement avec les institutions étatiques.
Ce numéro spécial se termine avec la contribution de Lucie Lamarche, une des chercheures féministes universitaires des plus renommées au Canada sur les droits des femmes et les lois syndicales. Pendant la conférence, madame Lamarche a eu la difficile responsabilité de relier les différentes approches. Dans le présent numéro, elle a utilisé une analyse critique des articles afin d’en extraire les éléments qui font le pont entre nos différences. Si à première vue la recherche féministe au Québec et en Ontario semble prendre des voies divergentes, voire même déconnectées, force est de constater que le terrain est solide et qu’il existe plusieurs raisons de poursuivre nos efforts vers un meilleur avenir féministe dans ce pays.

Comme toujours, nous avons demandé plusieurs soutiens pour la réalisation de ce projet. Les éditrices de ce numéro spécial et organisatrices de la conférence tiennent à remercier sincèrement le Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes, Gouvernement du Québec (saic), la cihr/chsrf Chaire des services de santé (York), le Centre pour la recherche féministe à York, l’École de genre et d’études des femmes (Glendon), l’École des affaires publiques et internationales (Gendon), le Fonds de recherche adhoc pour les conférences à York, de feu John Dignard de Glendon ainsi queson équipe technique . Finalement, nous remercions notre assistante Karoline Jablonska pour son aide à l’organisation de la conférence et Sanjukta Banerjee, assistante à la traduction.